WIC 2012: Du Rêve européen à la nouvelle donne mondiale: what’s on ?
10 ans, plus de 350 participants, 30 pays représentés et un thème « Renewing growth » sur fond de « European Dream » à réinventer… L’édition 2012 de la World Investment Conference qui se tient tous les ans à La Baule plaçait haut la barre des intentions et des ambitions. Flash-back et propos choisis !
Croissance, où es tu ?
Ce n’est pas parce que la WIC a pour cadre l’immense plage de sable fin de la baie de La Baule et le décor au charme suranné de l’Hermitage qu’on ne se pose pas de graves questions, à l’heure de la crise de la dette, de l’incertitude financière et économique et des changements d’états-majors dans quelques pays ayant pignon sur rue !
Sujet du jour : Renouer avec la croissance. La belle affaire !
Chômage en hausse, liens plus ou moins révélés entre crise et corruption, Euro ou pas Euro, une roadmap européenne peu lisible, une logique économique parfois oubliée et une nouvelle donne géo-économico-politique planétaire à intégrer… Conclusion préliminaire : on est tous dans le même bateau et il est temps de se mettre au travail et d’arrêter de se lamenter et de crier au désastre (un travers typiquement européen) ! Pour renouer avec la croissance, cqfd. Comment ? En mélangeant les ingrédients clefs que sont la R&D et l’innovation, en investissant dans l’avenir et en soutenant les PME, futurs champions du monde ou de leur marché de niche, peu importe. D’ailleurs, à la question « From where will Europe recove attractiveness?”, les participants de la WIC ne se trompent pas et 37.9% d’entre eux désignent les entrepreneurs, d’ici et d’ailleurs, comme les garants d’un monde économiquement meilleur.
Innover, créer, produire, penser différemment
Thinking out of the box ! On l’a dit et répété, les innovations de rupture viennent souvent du croisement des disciplines, de réflexions transversales, des interactions culturelles. Mais il ne faut pas oublier que « l’innovation est un processus par lequel une idée se transforme en produit ou en service pour lequel les gens vont payer » ! Une idée, un marché ?! Le tout dans la flexibilité, la réactivité et avec compétitivité !
Et c’est là que l’Europe peut mieux faire et apprendre à saisir les opportunités ! Si les secteurs à la mode (biotech, nanotech, cleantech, iTech…) et si les stratégies (clusters, crédits d’impôts, promotion des partenariats public-privé…) se suivent et se ressemblent à travers le monde (développé), le besoin d’harmonisation et de simplification reste intact, couplé à la nécessité d’apprendre à surfer sur ses atouts intrinsèques, notamment au niveau régional avec l’approche de smart specialisation.
Going back to the roots ! Pour l’Europe, la santé apparaît ainsi comme un secteur de choix dans lequel l’héritage scientifique et industriel et la notion d’interface entre soin, prévention, alimentation, technologies innovantes peuvent permettre à l’Europe de (re)affirmer son leadership, d’autant plus que le marché, population vieillissante oblige, explose ! Mais le cocktail magique de la compétitivité n’est pas si simple. S’il faut chercher et innover plus vite et plus intelligemment, il faut aussi produire différemment, limiter les freins institutionnels, faciliter la mobilité sociale et l’expression des talents, écouter les besoins des employés, des clients, des consommateurs, des marchés extérieurs.
Oui, la 3e révolution industrielle sera à l’image du Wifi, sans frontières, a dit Jeremy Rifkin, guest star de la WIC 2012 ! Oui, le monde est réellement devenu global et intégré ! Et 55% des participants de la WIC 2012 estiment que l’Europe n’est pas assez innovante pour rester la première puissance économique mondiale !
Une Europe à réinventer dans un monde globalisé
En effet, si l’on considère les deux principaux moteurs de croissance, l’innovation et la démographie, l’Europe ne tient la route dans aucun des deux. Et a perdu ses idéaux ! Construite sur l’idée de paix, de prospérité et d’identité européenne, la belle Europe, à peine soixantenaire, se morfond sur fond de crise de l’Euro, d’interrogations sur ses frontières, de difficultés à trouver des consensus à 27 et de pessimisme latent !
Pour lui redonner son aura de grande et belle idée, il faudrait commencer par cesser de se voir comme un musée et finir le travail commencé sans s’arrêter en (bon) chemin, affirment les Australiens ou Indiens présents à La Baule ! Comment se réinventer et proposer un nouveau « rêve européen » ? En revenant à ses fondamentaux : l’Europe est la contrée qui lève les frontières, est ouverte sur l’extérieur et unie à l’intérieur. Cela commence, à l’image de ce qui a été fait il y a quelques décennies avec la culture américaine, par la compréhension de nouvelles formes de pensées et notamment celles de la culture asiatique et chinoise en particulier, dont le spectre de future potentielle première puissance économique mondiale planait sur la WIC. 700 millions de chinois, et moi et moi et moi ! Pourtant l’Europe reste le premier marché mondial riche de son demi-milliard de consommateurs éduqués et au fort pouvoir d’achat et a attiré en 2011 plus de 3900 projets d’investissements étrangers, comme l’indique l’incontournable European Attractiveness Survey présentée chaque année en avant-première par Ernst & Young à La Baule.
Morale de l’histoire ? L’Europe reste incontournable et unique dans son histoire, son concept, sa culture mais doit apprendre à mieux se vendre et à plonger dans le grand bain d’un monde nouveau.
« Si vous êtes dans une piscine dans laquelle se trouve un alligator, la solution n’est pas de nager plus vite que l’alligator mais de nager plus vite que les autres nageurs ! » Il n’y a pas de crocodilien ni de requin dans la baie de La Baule, mais tel est en substance le conseil d’ami délivré par un des conférenciers de la WIC, à bon entendeur…