Retour sur les 10 ans du festival Lot of Saveurs, agapes gourmandes et cadurciennes au coeur de l’été lotois.
Pays gourmand (cabécou, canard, noix, mique et farcis…), le Lot célèbre chaque année en juillet à Cahors sa gastronomie et ses saveurs. Et 2019 marque la 10e édition du bien-nommé festival Lot of Saveurs, parrainé par Christian Constant, chef montalba nais et étoilé à Paris et également présent à Toulouse.
Au menu des agapes cadurciennes, un programme à haute valeur énergétique ajoutée assorti d’activités pour tous les âges (ateliers pour les enfants, secrets de chefs, salon du livre culinaire, dégustations…) et placé sous le signe de la truffe. Car même si la saison ne s’y prête pas, le divin diamant noir a embaumé les trois jours de festivités – 5 au 7 juillet – et plus si affinités car la caravane Lot of Saveurs parcourt l’été lotois jusqu’à fin août, entre marchés gourmands et barbecues géants, à Gigouzac, Pradines ou Catus et ailleurs.
Trois jours de festin cadurciens
Apéro à la Villa Malbec, Banquet en blanc et concert sur les Allées Fénelon, brunch sous le pont Valentré, et surtout ce somptueux Dîner des Chefs, étoilés ou pas loin : le week-end fut gourmand et gourmet, lotois à souhait, cabécou, canard & co, la répétition est la meilleure des pédagogies.
Pour le banquet, dresscode immaculé mais ambiance conviviale : les ripailles sont à la bonne franquette et traversent soleil couchant et lueurs de la nuit, les mets simples mais de bon goût (saucisse de canard bien sûr et purée truffée bien sûr) et tout finit en musique et en rock improvisé entre les allées de tables dressées.
Le lendemain sur le coup des midis, sous le pont Valentré, on y mange, on y mange : si possible chapeautés contre le soleil et avec la nappe à carreaux pour les plus prévoyants, les convives s’étalent entre les stands pour constituer leurs assiettes salées et sucrées, foie gras, jambon de coche (alias vieille truie dont la viande est parfumée et goûteuse), grillades de lard et de boeuf, truite fumée, cabécou encore et toujours, et l’incontournable œuf (version brouillade truffée ici, thème du weekend) sans laquelle un brunch n’est pas un brunch. On finit sur une note sucrée et le tout est accompagné de Lagrézette estivaux.
Mais il serait fort dommage de s’en tenir là car le clou du week-end est sans doute ce Diner des chefs : six étoiles réunies (Stéphane Andrieu du Chateau de la Treyne, Pascal Bardet du Gindreau de Saint-Médard, Stéphane Chambon du Pont de l’Ouysse à Lacave, Claude-Emmanuel Robin de L’Allée des Vignes à Cajarc et Julien Poisot du Chäteau de Mercuès) et neuf autres talents non-Bibendum (Pierre Creuzet du Médiéval à Puy L’Evêque, Pascal Lefèvre à Fourchette et Couteau à Lalbenque, Ludovic Soupirot de la Récréation des Arques, Allan Duplouich de la Table de Haute-Serre à Cieurac, Olivier Loeuillet du Petit Relais de Cales, Marian Rak de la Bergerie de Saint-Pierre Lafeuille, David Blanco de Cuisine Côté Sud et Marc Bozzato du Marché à Cahors et Monique Valette de Lou Bourdié) pour un menu à plusieurs mains.
Dans un lieu d’exception puisque la dégustation apéritive se tenait dans le cloître et la cour de la cathédrale qui fête ses 900 ans en 2019, où étaient dressés quelques dizaines de stands alternant chefs et vignerons. Mise en bouche parfaite qui déclinait les blancs locaux (Chardonnay, Chenin, Viognier…, signés Domaine de la Garde, Pelvillain, La Bérangeraie, Lagrezette, Vincens, Lamartine, Clos du Chêne ou l’atypique Malbec rosé effervescent du Château Gaudou) et les inventions des bonnes tables du Lot (mini-mique farcie aux pieds de cochon, tortilla à l’agneau du Quercy légèrement épicé, verrines de petits pois ou d’asperges canardées, cromesquis exquis… pour n’en citer que quelques-uns).
La déambulation terminée, place aux choses sérieuses et au véritable diner sur la place de la cathédrale, festin en cinq temps comme un artichaut poivrade à la moelle et truffe, une truite aux girolles et sa bisque d’écrevisse, un canard version Rossini à la truffe (of course), une cocotte de Rocamadour au mascarpone et noix et enfin un sablé pistache et chocolat, ganache au safran du Quercy évidemment.
Face à ce menu de haut vol, le Malbec n’avait qu’à bien se tenir : Château Tour de Miraval 2015 qui méritait de s’ouvrir un peu, très joli Cèdre 2016 Extra Libre, incontournable Mercuès 2016 aussi réputé que sa table étoilée, et une Envie 2017 du Château Haut-Montplaisir, tout un programme, pour finir. Avant un Rogomme, vin muté de chez Chambert pour accompagner le chocolat et les quelques menues mignardises qui suivaient.
Les Bonnes Tables du Lot et les vignerons du Lot ont régalé et Lot of Saveurs 2019 n’a pas démérité, entre truffe, talents et terroir.
Le programme off : Escapade au Lou Bourdié
Mais si Cahors est l’épicentre de Lot of Saveurs, il faut parfois sortir des sentiers battus pour, par exemple, aller jusqu’à Bach (prononcer Bache) et plus précisément au Lou Bourdié chez Monique Valette.
Monique, un personnage en son auberge, désormais secondée par sa nièce qui prendra un jour le relais. Et quel relais ! Le lieu ne paye pas de mine mais cache une ambiance du siècle dernier, une déco campagnarde authentique et quelques fumets bien-odorants venus de la cuisine. Nappes à carreaux, tablées rustiques, carcasses de volailles et la gouaille de Monique qui mettrait n’importe qui de bonne humeur (et de bon appétit).
Et il faut avouer qu’il en faut de l’appétit pour venir à bout du copieux menu concocté avec amour par Monique : traditionnelle soupe maison suivie de l’incontournable et mémorable brouillade (très) truffée, poulet aux morilles, plateau de fromages locaux – donc plutôt chèvre et brebis – et trois « petits » desserts et puis s’en vont pour finir : l’inévitable mais tellement fin et qui se mange sans faim pastis aux pommes, la salade de fraises du Lot et un petit gâteau de beurre et de chocolat, parce que Christian Constant, parrain de Lot of Saveurs 2019 et convive du jour, aime le chocolat. Nous aussi, ça tombe bien ! Sans oublier les excellents vins de Mr Baldès, Clos Triguedina, notamment le Chardonnay, pour noyer son plaisir.
La suite s’appelle évidemment sieste même si Monique raconte que certains pèlerins de Saint-Jacques s’arrêtent sur leur chemin pour déjeuner ici… Sieste ou marche, le souvenir d’un repas au Lou Bourdié reste dans les esprits, bonne franquette, cuisine de grand-mère et vraie convivialité à la clef. Du Lotois pur jus.