Retour sur BIOVISION 2013, Forum international et biennal qui proposait fin mars à Lyon un tour d’horizon sur fond de biotechnologies, de santé et d’innovation médicale. « Des sciences du vivant aux sciences pour la vie », tout un programme.
Sous le slogan « From life sciences to sciences for life », la 8e édition de BIOVISION s’est tenue du 24 au 26 mars à Lyon. Pour sa 8e édition, ce « Forum mondial des sciences du vivant » a accueilli plus de 3000 participants venus de 65 pays et de tous horizons, académique, industriel, institutionnel, pour un programme dense centré sur les grands défis de santé et les enjeux d’innovation.
6 focus, 4 événements en 1
Loin de la grand messe à l’américaine BIO, moins business que Bio-Europe et ses éditions saisonnières, BIOVISION, seul survivant français des années fastes des événements biotech à tout va, se positionne depuis toujours sur un double créneau transversal et sociétal.
En 2013, 4 événements dans l’événement se partageaient l’affiche : BIOVISION Prospective pour débattre des grandes avancées scientifiques et médicales, BIOVISION Catalyzer centré sur la présentation de projets collaboratifs internationaux, BIOVISION Investor Conference pour un tour d’horizon des tendances en matière de partenariat et de financement mais aussi pour présenter des entreprises en recherche d’investisseurs, et enfin BIOVISION Next, une initiative dédiée aux jeunes chercheurs.
En transversal, 6 focus structuraient les rencontres et conférences autour de grands thèmes tels que les capacités humaines et les sciences et technologies associées (neurosciences, génomique, thérapie cellulaire, vieillissement,…), la médecine personnalisée, notamment contre le cancer, les interactions avec les micro-organismes, les maladies infectieuses et l’immunité, l’enjeu et le fléau des maladies de civilisation (prévention, nutrition…) mais aussi le meilleur usage de l’intelligence collective avec la e- et la m-santé et l’accès au soin, ou encore les ressources naturelles, la biodiversité, le changement climatique.
Bref, un programme ambitieux et touche-à-tout, reprenant certains des grands thèmes traditionnellement chers à BIOVISION (les « Objectifs du Millénaire », nourrir et soigner la planète…) et alimenté par 185 intervenants internationaux. Au final, sans refaire le monde, BIOVISION a ainsi été l’occasion d’un point de vue sur différentes thématiques en vogue.
Vers une nouvelle médecine, plus ciblée, plus globale, plus efficace
On y a ainsi parlé de l’évolution des maladies – depuis 1940, environ 340 nouvelles maladies infectieuses sont apparues-, mais aussi des variabilités, génétiques bien sûr, mais aussi selon les pays, – on constate ainsi des cancers du sein de plus en plus précoces dans les pays en développement -, et de la sensibilité accrue de populations vieillissantes à de nombreuses pathologies. De plus en plus multifactorielles, associant susceptibilité génétique parfois, impact de l’environnement et du mode de vie souvent, les maladies d’aujourd’hui appellent clairement à une prise en charge globale, centrée sur le patient, mais unissant également spécialistes de la santé humaine et animale dans un même combat ! Revenant dans de nombreuses présentations, l’évolution des stratégies thérapeutiques et de la prise en charge est également au cœur de tous les débats, autour notamment de la notion de médecine personnalisée, plus ciblée, plus précise, et de l’intégration des TIC en santé, avec l’émergence de la e-santé ou de la m-santé, nécessitant là aussi, un décloisonnement entre disciplines. L’open innovation et la médecine translationnelle ont également été longuement évoqués, afin de s’adapter aux besoins évolutifs en matière de santé (mondialisation, vieillissement, environnement), aux enjeux de compétitivité et au souhait, partagé par industriels, cliniciens et patients, d’innover mieux et plus rapidement. Le tout au sein d’un « écosystème global de santé » grâce à des « guichets uniques » ou à l’aide de « serious game », de « biological networks » (en référence aux social networks à la mode). Dans le même esprit, le consortium européen CASyM, financé dans le cadre du FP7, propose d’adapter le concept de la biologie systémique à la médecine, dans une approche holistique de la maladie et du patient, de la prévention au traitement. Les idées ne manquent pas, leur mise en pratique, au service des patients, reste à valider dans un avenir, plus ou moins proche.
Innovations de demain et compétitivité d’aujourd’hui
En marge de BIOVISION, et alors que Lyon se voulait pour quelques jours capitale des sciences du vivant, françaises, à défaut d’être mondiales, plusieurs événements ou annonces ont émergé au cours de ces trois jours pas encore printaniers.
Investissement local mais sur un sujet hautement stratégique dans le secteur : le 25 mars, Sanofi (malgré les salariés manifestant contre le plan de restructuration du groupe) et Transgene annonçaient la création à Lyon et à coup de 10 M€ d’investissement, d’une plateforme de bioproduction, un enjeu majeur (alors que les capacités de bioproduction en France restent insuffisantes) à l’heure de la poussée des biomédicaments pour traiter de façon plus ciblée des pathologies toujours plus complexes.
Ce même 25 mars, en présence de 3 ministres (Redressement productif, Recherche, Santé) et du président du G5 Santé, Marc de Garidel (Groupe Ipsen) et en prévision du prochain Comité Stratégique des Industries de Santé, prévu pour le mois de juin, était installé le premier Comité Stratégique de Filière des Industries et Technologies de Santé. Objectif : ébaucher les bases de discussion pour un renouveau à la fois du dialogue entre gouvernement et industriels et de la compétitivité de l’industrie de santé française. Dans un esprit « gagnant gagnant » comme cela a été précisé, il s’agira donc de simplifier et de dynamiser l’écosystème français de santé et de R&D, de redorer le blason de la France en matière notamment d’essais cliniques et d’innovation médicale, de booster les partenariats public-privé, de mieux exporter tout en relocalisant et en améliorant l’attractivité et au final, bien sûr, d’améliorer la qualité et l’accès au soin pour le patient, sans oublier la souveraineté sanitaire. Pour cela, le Comité propose de miser sur 3 axes majeurs où la France tire (encore) son épingle du jeu mondial : la médecine régénérative et cellulaire, la médecine personnalisée et la télésanté. Vaste programme qui devrait être implémenté prochainement… Autant de sujets clefs dont on reparlera sans doute lors d’un prochain BIOVISION.