Évasion culturelle au Luxembourg
Escapade en capitale pour un « City Trip » au cœur du plus petit pays de l’Europe : destination Luxembourg, la « Gibraltar du Nord », le « Balcon de l’Europe » pour un week-end hautement culturel, Arty & Archi !
Vu d’avion, c’est un petit pays très vert. Quelques 2500 km2 de vallons, de monts, de rivières et de forêts. Près de 550000 habitants dont la devise est « Nous voulons rester ce que nous sommes ». Un Grand Duché dont la position stratégique, au cœur de l’Europe, en fit un territoire très convoité au fil de l’histoire, des empires et des royaumes, et qui est devenu aujourd’hui à la fois une terre d’accueil et d’intégration et une plate forme financière prospère. Un petit pays, lové entre Allemagne, Belgique et France, à la triple culture linguistique et aux multiples visages: de la capitale homonyme qui mêle harmonieusement son héritage de forteresses et de murailles et ses quartiers modernes aux bâtiments futuristes jusqu’aux montagnes des Ardennes en passant par la Moselle ou la Petite suisse luxembourgeoise…. Découverte.
Forteresses et ruelles: charme et puissance des temps anciens
Fondée en 963, la ville fut initialement baptisée Lucilinburhuc, qui signifiait dit-on « petit château » et fut peu à peu dotée de tours fortifiée dressées sur ce promontoire naturel, où passèrent et régnèrent Bourguignons, Habsbourg d’Espagne puis d’Autriche, Prussiens et autres familles couronnées et parfois belliqueuses. 400 ans de domination étrangère… Aujourd’hui devenu Grand Duché, indépendant et libéral, le Luxembourg affiche sa prospérité et son multi culturalisme tout en préservant son passé. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, la vieille ville est un lacis de ruelles pavées aux noms évocateurs (Rue du Marché-aux-Herbes, rue du Marché-aux-Poissons, rue du Fossé, Place d’Armes…), de vieilles maisons emblasonnées et de places charmantes où les Luxembourgeois se pressent en terrasse au moindre rayon de soleil. Face au Palais Grand Ducal par exemple pour déguster les massifs gâteaux de la Chocolate House tandis qu’en face les Gardes effectuent sans fin et sans faillir leurs allers-retours et relèves…
Surplombant la Vallée de la Pétrusse, la Corniche, prolongée par un sentier qui longe la rivière nonchalante, renforce cet air de Dolce Vita et donne envie de promenade bucolique à l’ombre des pommiers et des fortifications. Mais entre Pfaffenthal, Grund et Clausen, le Bock rappelle d’autres temps moins sereins. Dénommée la « Gibraltar du Nord », considérée comme la forteresse la plus puissante d’Europe, Luxembourg ne démantela sa place forte qu’en 1867 à l’occasion du Traité de Londres.
Aujourd’hui, la promenade de Wenzel permet de parcourir 23 km de galeries souterraines creusées dans la roche et dotées de nombreuses subtilités architecturales guerrières et autres passages et escaliers dérobés pour mieux s’échapper. Le pont qui relie la vieille ville au Bock est ainsi doté de 5 accès, sur 3 niveaux d’arches, sur le côté et en souterrain… Peut-être pour mieux rejoindre ainsi la belle Ondine dont la légende, sur fond d’amours contrariées et de liberté perdue, habite encore la pénombre des galeries et du puits qui plonge vers la rivière. Et auréole ainsi de flaveurs romantiques les quelques arpents en coteaux de vignes qui produisent les 100 bouteilles du « Cru du Bock » … Un panorama que l’on contemple à travers les cadres de Daniel Burren installés au long de la promenade Wenzel…
De Vauban à Portzamparc: parcours architectural et artistique à ciel ouvert
Patrimoine d’hier et art d’aujourd’hui… L’autre promenade suit les pas d’un certain Sébastien Le Prestre de Vauban, ingénieur militaire de la forteresse sous l’occupation française par Louis XIV, et mène le visiteur du Bock au Kirchberg, du passé au futur.
Dans le très beau Parc des Trois Glands, le Fort Thungen (1732) avec sa redoute en forme de flèche imaginée par le génial Français, sert de socle au musée d’art moderne Grand Duc Jean, construit par Ieoh Ming Pei, auteur de la Pyramide du Louvre. En écho aux tours et échauguettes de l’époque espagnole, le bâtiment du MUDAM mêle pierre et verrières et rappelle les formes des fortins d’antan.
A l’intérieur, le MUDAM propose une vision éclectique de la production artistique contemporaine en mettant l’accent sur la diversité des techniques et supports (peinture, sculpture, photo, installation, vidéo…). La collection permanente regroupe des figures aussi différentes qu’Alvar Aalto, Marina Abramovic, Pierre Huyghe ou encore les frères Bouroullec qui ont conçu l’espace Café du Mudam. Les expositions temporaires suivent la même ligne directrice telle la rétrospective originale sur l’art et la construction (et destruction) depuis les années 1950 lors de l’exposition DAMAGE CONTROL au cours de l’été 2014. A la suite, SOLIDES FRAGILES revisite les liens entre œuvres et espace, en écho aux nombreuses œuvres, souvent très pragmatiques, qui émaillent l’espace public autour du musée et du fort. Ainsi ce « Chênavélos » et ces « Bancs-terre » signés David Dubois (1971), ou ce « Large Hadron Collider » créé par le Russe Nikolay Polissky en 1957 et cette allégorie sur le choc des cultures « Just falling » de Gaston Damag. L’art dans l’espace…
A côté du MUDAM, la Philharmonie, inaugurée en 2004 et signée Christian de Portzamparc, rend, à travers sa structure en forme de cristal, ses jeux d’ombres, de lumières et de couleurs changeantes, un hommage conjoint à la cité et à la nature, notamment à la forêt évoquée par les 823 colonnes (et autant d’arbres) qui l’étayent et l’habitent. Invitant à la sérénité et à l’écoute, le lieu propose plus de 300 concerts par an misant sur la diversité des musiques et des publics. Dans un pays multiculturel où la population, à plus de 40% étrangère et à fort niveau d’éducation, est en attente d’une offre culturelle de haut niveau, la Philharmonie est aussi un héritage de la stratégie culturelle établie lorsque Luxembourg fut Capitale Européenne de la Culture en 1995.
L’Europe… Née ici, comme Robert Schuman… Si la vieille ville abritait à l’origine le siège de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier, c’est sur la rurale « montagne de l’église » (Kirchberg) que l’Europe à 27 a désormais ses quartiers avec de nombreux Bâtiments aux étoiles plus ou moins modernes ou datés des années post-CECA… On y retrouve le Conseil de l’Europe, le Secrétariat Général du Parlement Européen, la Cour Européenne de Justice, la Cour des Comptes, la Banque Européenne d’Investissement, le bâtiment des traducteurs et une École Européenne. Entre autres et alors qu’un peu plus à l’est sur le plateau se sont installés les sièges sociaux des grandes banques internationales.
Parce que finances, prestige et mécénat font heureux ménage, le Kirchberg est devenu le terrain de jeux de grands architectes de renom (Lauréats du Pritzker Prize, adeptes de l’architecture brutaliste ou moderniste ou du béton précontraint se côtoient ici en parfaite synergie esthétique) mais aussi un espace d’exposition dédié à l’art contemporain à ciel ouvert. Le monumental « Exchange » de Richard Serra (7 plaques autoportantes d’acier Corten) au centre du rond point marquant l’entrée sur le plateau du Kirchberg, ouvre ainsi le bal des œuvres en liberté. L’artiste et architecte luxembourgeois Paul Majerus signe un peu plus loin un « Arbres à rêves » et une « Branche à rêves » tandis qu’une œuvre de Dubuffet de la série L’Hourloupe se déhanche devant l’entrée de BNP Paribas, dessinée en forme de bastion et dont le jardin est une sorte d’écrin baroque. Une « Grande fleur qui marche » d’après un dessin de Fernand Leger de 1952 réalisée par Teconi met un peu de poésie entre les buildings de la Deutsche Borse Group alors que la métallique « Sarreguemines » du sculpteur Franck Stella trône sur le parvis de la Hypovereinsbank Luxembourg. Œuvres monumentales ou ludiques, jardins publics, parvis démesurés rythment la vie de ce quartier fourmillant en semaine et si calme le dimanche. Le temps qui passe y est décompté grâce à « L’Horloge Publique » de Trixi Weis alors que la « Bird Cage » de Su Mei Tse éclaire de ses néons surdimensionnés les nuits tranquilles du Kirchberg…
Escapade au Luxembourg : Guide pratique
- Découvrir: Les parcours thématiques de l’office du tourisme : Parcours Wenzel, Parcours Vauban, Architecture et Art au Kirchberg, Ilot Gastronomique…;
- Dormir: Une nuit Place d’Armes dans le Relais & Châteaux du même nom ou dans le boutique-hôtel Melia entre Philharmonie et MUDAM;
- Manger et sortir: Sur les Rives du Clausen qui regroupent bars, restaurants et sont au cœur de la vie noctambule luxembourgeoise;
- Acheter: Emplettes gourmandes chez les fournisseurs du Grand Duc Henri dont les vitrines sont estampillées du prestigieux macaron ;
Autour de la capitale
- Mullerthal: la Petite Suisse Luxembourgeoise
Vers l’est à la frontière de l’Allemagne, la région du Mullerthal se baptise « petite Suisse Luxembourgeoise » et, avec ses hauts plateaux et ses failles rocheuses, est un petit paradis pour les randonneurs et amateurs de nature, dans des paysages par moments oniriques. - Moselle: échappée dans les vignes
Au sud-est, la région de la Moselle abrite sur ses coteaux ensoleillés les célèbres vignobles producteurs de vins blancs. Balades en bateau et dégustations de Crémant dans les chais y rythment les fins de week-end. - Ardennes: vallons et forêts
Au nord, les monts des Ardennes, avec leurs parcs naturels et leurs traditions préservées, offrent un paysage propice à la détente et à une évasion romantique.