Oenotourisme en France.
A l’aube de l’été, 9Skyline va réveiller l’oenotouriste qui sommeille en vous… Oenotourisme ou le voyage épicurien à la découverte des vins, des vignobles et des vignerons.
L’oenotourisme est un concept en vogue qui séduit, se renouvelle et se structure : Labels officiels, vitibreaks épicuriens ou dégustations insolites : il y en a pour tous les goûts. Sur la route des vins de France, oenotouriste, allons voir si la vigne…
Et si le pays du vin vous livrait ses secrets ? C’est avec ce slogan que le site officiel de l’oenotourisme français, visitfrenchwine.com, a été lancé en février dernier. Alors que les vignes sommeillaient encore de leur repos hivernal, l’oenotourisme français s’éveillait et passait à l’offensive ! Objectif : séduire l’oenotouriste, d’ici et d’ailleurs, lui raconter quelques belles histoires de cépages et de châteaux et lui donner envie de partir à la (re)découverte de la diversité des terroirs viticoles de France…
Les charmants villages viticoles d’Alsace ?
Les manoirs historiques et les chais futuristes signés Bofill, Portzamparc, Foster ou Nouvel du Bordelais ?
Les vignobles en gobelet et en terrasses du Roussillon lorgnant vers la Méditerranée ?
La Loire royale bordée de vignes et de châteaux ?
Les cépages méconnus du sud-ouest ou les climats épars et sublimant le Chardonnay de Bourgogne ?
La France compte 17 « grands vignobles » – et encore plus de petits – qui attiraient, en 2010, 7.5 millions d’oenotouristes (près de 10 millions aujourd’hui dont un tiers d’étrangers) dans quelques 10000 caves ouvertes au public. Six ans plus tard, et alors que les wineries de la Rioja et du Nouveau Monde font rêver le dégustateur-voyageur, la France veut se positionner comme destination oenotouristique majeure et incontournable.
Des labels et des vignes
Le 4 juillet 2015, l’UNESCO inscrivait les 1247 « Climats du vignoble de Bourgogne » et les « Coteaux, Maisons et Caves de Champagne » sur la liste des trésors du patrimoine mondial, rejoignant quatre autres régions viticoles (Saint-Emilion, Douro, Tokaj, Piémont italien) dans le club très fermé des vignobles classés pour leurs paysages ou biens culturels. A la clef de ce label prestigieux et convoité, 20% de touristes supplémentaires.
Mais d’autres labels guident l’oenotouriste. « Iter Vitis, les chemins de la vigne » s’inscrit parmi les 33 itinéraires culturels du Conseil de l’Europe (aux côtés de l’Art Nouveau ou de Saint Jacques de Compostelle) avec l’ambition de célébrer un patrimoine européen partagé autour de la culture de la vigne, introduite par les Grecs en France via Marseille au VIe siècle avant JC et répandue à l’époque gallo-romaine.
En France, « Vignobles & Découvertes » est un label, lancé en 2009 et attribué pour 3 ans à une destination proposant une offre oenotouristique complète et de qualité. Parmi les 57 territoires labellisés, « Les Routes des vins de Bordeaux » –Médoc, Graves et Sauternes et les autres -, « Le Vignoble de l’Ile d’Oléron », « Le Beaujolais en pierres dorées », « Vin & Patrimoine en Pays Cathare » ou « Les Bons Crus d’Artagnan » invitent à la balade sans modération.
A la recherche de l’oenotourisme
« L’oenotourisme en France est radicalement différent de ce qu’il y a ailleurs : ici, le visiteur veut rencontrer le vigneron, pas un œnologue ou un sommelier comme dans la Nappa Valley ! », affirme Michel Bernard, propriétaire du Château Beauchêne dans le Vaucluse, président d’honneur d’InterRhône et fédérateur du pôle national d’excellence Oenotourisme depuis février.
Auteur d’un rapport proposant 18 mesures pour promouvoir l’oenotourisme, il s’enthousiasme sur la diversité de l’offre oenotouristique française tout en prônant une certaine professionnalisation et un meilleur accompagnement des vignerons tentés par l’aventure mais aussi une meilleure communication et un allègement des contraintes règlementaires. Quelques exemples : pourquoi ne pas ajouter la mention « domaine visitable » sur les contre-étiquettes ? Simple et efficace ! Doit-on exiger de rendre accessible aux personnes à mobilité réduite certaines caves millénaires creusées dans la craie ? Aberrant et complètement hors de la réalité ! Peut-on inviter le public à participer aux vendanges sachant que cela peut être assimilé à … du travail au noir ?! Il faut aussi développer l’offre d’hébergement dans les vignes – une demande forte de l’oenotouriste avide d’immersion totale – , améliorer la pratique des langues étrangères, mais aussi et surtout le sens l’accueil et parvenir à coordonner les acteurs, ceux du tourisme et ceux de viticulture – pour promouvoir le concept et proposer aux visiteurs une offre cohérente, complète, lisible et intéressante.
Pour James de Roany, directeur de Global ViniServices et auteur d’un Guide pratique de l’oenotourisme, les vignerons tentés par l’aventure – « et pour qui l’oenotourisme est aussi un complément de revenu et une façon de promouvoir leurs vins », doivent aussi se former. Ce métier ne s’improvise pas, même si la passion de son travail et le sens de l’accueil sont deux atouts majeurs. Le site visitfrenchwine.com est un premier jalon – mais tant de points restent à améliorer.
De la vigne au verre : des histoires à raconter
Mais alors qu’un tiers des touristes cite le vin et la gastronomie comme motivation de choix d’un séjour, il ne faut pas oublier que « l’oenotouriste est avant tout un touriste » rappelle André Deyrieux, consultant et fondateur du site winetourisminfrance.com. Il faut le faire rêver, le faire venir, et lui faire vivre une expérience inoubliable qu’il pourra raconter à son tour ». Construire et raconter une histoire terroir par terroir « en creusant dans les pierres et dans l’histoire » est le travail méticuleux d’André Deyrieux auprès de vignobles méconnus comme celui du Pays de Thau. « Il ne faut pas parler seulement de vin mais d’un produit culturel au cœur d’un territoire » ajoute-t-il en citant pêle-mêle la Cité du Champagne Collet-Cogevi qui revient sur la Révolution champenoise de 1911, les vins de Loire, pionniers en matière d’oenotourisme, qui ont développé l’alliance vélo et vins, la Coopérative de Ventenac qui vient de racheter une barque de patron qui transportait le vin sur le Canal du Midi ou le Domaine L’Hospitalet de Gérard Bertrand, resort oenotouristique sur 3 appellations qui marie vignes, rugby, jazz et histoire wisigothe sur fond d’art de vivre méditerranéen.
Ailleurs, les histoires se racontent sur fond d’art contemporain, de festival d’été, de fêtes des crus et des vignes. Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ! Celle de la rencontre, de l’échange et de la passion.
Entre vitibreaks et dégustations de luxe
Justement, quoi de neuf dans les vignes et les chais ? Du chic, de l’insolite, du mélange des genres ! Le haut-de-gamme attire toujours, à l’image des Sources de Caudalie ou des Luxury Wine Experiences de Bernard Magrez dans le Bordelais. En Bourgogne, Youri Lebault a lancé ses Gold Tour pour proposer des dégustations mais aussi, et surtout, des rencontres exceptionnelles. La tendance Viti-break est également en vogue, entre ville et vignes, comme dans le vignoble de Nantes. Séduire, surprendre, se différencier : on se balade en Bentley et 2CV dans le Beaujolais, en solex du côté d’Angers ou encore en 4×4 dans les garrigues escarpées de Pic Saint Loup chez les Rambier. A Saint-Emilion, on prend des cours de cuisine au château. En Ardèche, on déguste Côtes du Rhône, Côtes du Vivarais, IGP Ardèche au creux des grottes Saint Marcel ou Chauvet ou dans l’Aven d’Orgnac. Dans l’Aube, on dîne dans une montgolfière avec
des bulles et on parcourt les vignes en Segway. En Val de Loire et dans le Pays de l’Hermitage et du Tournonais, on pratique la méditation et la relaxation, tandis qu’ailleurs, on court entre les ceps lors de marathons festifs (comme celui du Médoc), trails sportifs et randonnées contemplatives. Les grands événements, Saint Vincent Tournante en Bourgogne, Habits de Lumière d’Epernay…, ou ceux mêlant gastronomie ou musique prennent de l’ampleur : les Vignes Toquées portées par la dynamique appellation des Costières de Nîmes portent l’art du pique-nique dans les vignes à son apogée…
Oenotourisme ou le voyage épicurien…
A suivre sur 9skyline, des balades oenotouristiques en Beaujolais, dans les Costières de Nîmes, en Bordelais, en Champagne, en Ardèche, en Malepère…