A l’occasion du Fascinant Week-end, escapade oenotouristique sur les coteaux de la Côte Rôtie et de Condrieu. Par Viognier et merveilles.
Un Fascinant Week-end sous le signe de l’art et du terroir, du jazz et du vin.
C’est ainsi que commence le Fascinant Week-end de Vienne-Côte Rôtie-Condrieu, officiellement lancé le 18 octobre 2018 à la Halle des Bouchers, Centre d’Art Contemporain, entre les toiles et portants de Diane Guyot de Saint-Michel. Le lendemain, c’est au Musée Saint Pierre, ancienne église du Ve siècle devenue musée archéologique, que « le vin rencontre l’art » pour un dialogue en rouge, blanc et marbre. Au Domaine Gaillard, c’est l’opéra qui s’invite dans la vigne tandis qu’au Domaine du Chêne, on met à l’honneur le 7e art – au travers du film de Cédric Klapisch « Ce qui nous lie » – saga familiale et viticole, projeté dans la cave, entre deux concerts de « jazz and wine ». Jazz and Wine que l’on retrouve aussi aux Domaines Pichon, Degache Frères ou Billon.
Mais pourquoi tant de jazz ? Parce que Vienne organise depuis près de 40 ans un festival d’été sur fond de notes bleues, soit 250 concerts dont les plus prestigieux donnés dans le Théâtre Antique, hérité du 1er siècle. Le Fascinant Week-end est donc une nouvelle occasion de remettre un peu de jazz dans la ville au cœur de l’automne. Tout en chantant les vertus du Viognier et de la Syrah, stars des vignobles alentours.
Côte Rôtie, Condrieu: l’histoire d’une renaissance
Car tout ceci n’est qu’un prétexte pour partir à la découverte des vignobles en terrasses qui surplombent les boucles du Rhône entre Vienne et Valence, dans ces Côtes du Rhône dites septentrionales.
Au nord justement, la ville de Vienne ouvre cette Route des Vins qui flirte de part et d’autre du fleuve, avec la ViaRhôna (itinéraire cyclable qui va de Genève à Marseille) mais aussi, beaucoup moins bucolique, avec la vallée de la chimie rhodanienne.
Mais il faut se concentrer sur les hauteurs, haut-lieu de prédilection des vignes, sans oublier quelques demeures d’intérêt au bord de l’eau, comme le superbe Château d’Ampuis, propriété de l’(incontournable) famille Guigal.
Rive gauche, rive droite. Ici, cela prend une toute autre signification. Vienne, et son futur nouveau ancien vignoble en renaissance Vitis Vienna / Seyssuel, se situe sur la rive gauche. Et fait face aux prestigieuses appellations de la rive droite. On passe donc le Rhône pour rencontrer les seigneurs locaux, Syrah et Viognier, qui règnent respectivement sur la Côte Rôtie et sur Condrieu.
Autour d’Ampuis, le vignoble de la Côte Rôtie – AOC depuis 1936 – s’étend sur quelques 300 hectares de coteaux très escarpés majoritairement schisteux et exposés sud / sud-est et offre des vins rouges au nez complexe avec des tanins travaillés. Rôtie par le soleil comme son nom l’indique, la Côte Rôtie est également brune ou blonde. Brune là où les sols sont rouges car contenant de l’oxyde de fer et donnant des vins plus puissants, blonde là où la terre se fait plus calcaire pour des vins plus ronds. Une autre légende raconte que le seigneur de Maugiron avait deux filles, l’une blonde, l’autre brune, pour qui il partagea son domaine… C’est aussi en son château d’Ampuis, que furent servis pour la première fois en France des dindons. C’était en 1550 et quelques. Quatre siècles et un Phylloxera plus tard, ce vignoble anciennement florissant malgré des conditions culturales compliquées de par l’escarpement des sols, avait presque disparu. Exode rural et attrait d’alors pour le travail à l’usine, maraîchage dans la vallée plus lucratif et plus facile : la Côte Rôtie n’était plus et doit sa renaissance, à partir des années 70-80, au travail de quelques passionnés qui ont reconstruit les terrasses, replanté et restructuré le vignoble…
En descendant un peu le long du Rhône, de Condrieu à Chavanay, c’est un peu la même histoire qui se répète. Avec un vignoble mais aussi un cépage qui ont failli disparaitre. En 1976, il restait 7 hectares de Viognier à Condrieu. Soit 7 hectares dans le monde car le cépage est aléatoire et compliqué. Mais Dieu, et Parker, soient loués, le vignoble de Condrieu – AOC en 1940 – compte aujourd’hui quelques 200 hectares et ce vin puissant, aromatique et boisé est aujourd’hui, malgré ou grâce à sa relative rareté, prisé et recherché. En partie grâce à Parker donc qui aimait tant le bois, une aubaine pour ce vin blanc vinifié et élevé en fûts ! Quelques dizaines de vignerons se partagent aujourd’hui ce marché de connaisseurs et d’amateurs avertis, tandis que le Viognier, ailleurs, a aussi profité de l’engouement pour les vins de cépage : il y aurait 20000 hectares de Viognier plantés dans le monde aujourd’hui, dont la moitié en France. Mais c’est à Condrieu, qu’il acquiert ses plus belles lettres de noblesse, ses arômes de poire et de miel et cette petite amertume caractéristique en fin de bouche. Naitre sur le granit, grandir en équilibre sur une pente abrupte, se hisser sur un échalas pour s’approcher du soleil, se transformer au fil de deux fermentations (alcoolique et malolactique) forgent sans nul doute le caractère : on n’est pas Viognier de Condrieu par hasard.
Saint-Joseph et les autres
Au fil du Rhône, d’autres appellations s’invitent : la très confidentielle et prestigieuse AOC Château Grillet – 3.5 hectares et un seul propriétaire pour un vin blanc d’exception, Saint-Joseph un peu plus au sud – longue appellation d’une cinquantaine de kilomètres, Hermitage et Crozes-Hermitage sur la rive gauche, puis Cornas et Saint-Peray à nouveau sur la rive droite. Un peu plus au sud encore, vers Avignon, s’annoncent les Côtes du Rhône méridionales, avec ses productifs et célèbres Châteauneuf-du-Pape, Lirac, Tavel, Rasteau et autres Cairanne et Gigondas, liste non exhaustive. Les huit appellations du Nord représentent l’équivalent du seul Châteauneuf-du-Pape…
Revenons au Nord justement et plus exactement à Mauves, berceau du Saint-Joseph, avec un coup de cœur pour les blancs, souvent méconnus car ils ne comptent que pour 10% de la production, plutôt orientée sur le rouge. Or les Saint-Joseph blancs signent justement des très jolies surprises, sur fond de Marsanne et Roussanne. Comme ce Silice du Domaine Coursodon, un 100% Marsanne venue de terroirs argileux et granitiques, exemplaire d’équilibre tout en finesse et en rondeur. Sans oublier les belles surprises de l’IGP Collines Rhodaniennes, dont fait partie à ce jour le terroir de Seyssuel autour de Vienne.
A propos du Fascinant Week-end, un week-end oenotouristique en Rhône-Alpes
Le vin ne suffit plus. Les vignerons et les interprofessions l’ont (enfin) compris et prennent désormais à cœur de montrer, raconter, animer leurs terroirs et leurs caves pour d’originales et œnologiques découvertes. Riche de nombreuses appellations viticoles, la région Rhône-Alpes ambitionne de devenir la première destination oenotouristique de France d’ici 2025 et a donc lancé il y a quelques années le concept des Fascinants Week-ends. Tous les ans, mi-octobre, les 10 (à ce jour) destinations labellisés Vignobles & Découvertes rivalisent donc d’idées et d’évènements pour faire connaitre leurs vins au public. Du nord au sud, en famille, entre sportifs épicuriens, en musique ou au fil de la gastronomie locale, il y en a pour tous les goûts. Au choix, direction le « Beaujolais, de Crus en Villages » ou le « Beaujolais des Pierres dorées », les vignobles de « Bugey », du « Cœur de Savoie » ou ceux de « Savoie, Aix-les-Bains, la Riviera des Alpes ». Ou plutencore « Cornas en Saint-Peray », « Condrieu en Côte Rôtie », la « Drôme provençale », « Hermitage en Saint-Joseph » ou le « Vignoble Sud Ardèche » ?