Un Tour de France côtier, imparfait et subjectif, sur 9skyline avec une escapade basque. Sur la côte ou dans la montagne parsemée de villages rouge et blanc et de sentiers de contrebandiers, le pays basque pour un jour ou pour toujours. A l’ombre de la Rhune, et à la recherche de Belharra et du fantôme de Belza.
D’un côté l’océan. Le Golfe de Gascogne ou de Biscaye, les rouleaux et les vagues mythiques de la Mer Cantabrique. De l’autre, les Pyrénées qui achèvent leur traversée de la Méditerranée à l’Atlantique entre Soule, Basse-Navarre et Labourd, et la Rhune qui s’éclipse dans l’eau. Montagnes à vaches au relief devenu doux et aux sentiers de contrebandiers devenus plus respectables en menant vers Saint-Jacques. Les gaves et les maisons basques aux bois rouges complètent la carte postale à grand renfort de tresses de piment d’Espelette et de surfeurs du soir ou du petit matin, planche sous le bras.
Le paysage est là, reste à ajouter l’esprit du pays : fierté, courage, partage, liberté, identité… Une identité Euskadi qui fait fi (sauf pandémie) de la frontière franco-espagnole et prend notamment sa source dans la langue basque, unique, inimitable et non indo-européenne, et dans une histoire forte et farouche. Celle des marins conquérants et des pêcheurs de baleine qui, dès le XIe siècle parcouraient les mers redoutables, celle des corsaires et pirates qui régnaient sur les océans, celle d’une Belle Epoque éprise de bains de mer et d’architecture élégante.
Entre terre et mer : piment, vagues & surf
Belle Epoque. Biarritz, comme sa cousine espagnole Saint Sébastien, en porte les heureux stigmates : le mythique Hôtel du Palais, construit par Napoléon III pour Joséphine, sépare la Grand Plage et celle du Miramar, tandis que s’éparpillent dans l’océan quelques célèbres rochers (qui vient nager sous la Roche percée ?) d’une côte de roches et de falaises, et qu’un mélo de styles néo-basque, labourdin, Art Nouveau, Art Déco remontent vers la ville avant de redescendre vers les crampottes du port des pêcheurs.
Un Port-Vieux pour nager et une Côte des Basques plus loin, les plages se suivent et ne se ressemblent pas : Ilbarritz, la branchée et son château (et ses clubs) perché, Parlementaria et sa chapelle, Uhabia entre mer et rivière, Socoa (Belharra, où es tu ?), Lafiténia ou Erromardie pour les surfeurs tandis que de l’autre côté, avant les rochers biarrots, ce sont les plages encore un peu landaises d’Anglet.
Chemin faisant, on croise Bidart la discrète (et sa jolie Villa L’Arche), la chic et secrète Guéthary, puis Saint-Jean-de-Luz l’authentique, berceau des macarons Adam et des amours de Louis XIV et de l’infante. Puis Hendaye et ses falaises, étape de Compostelle et dernière avant l’Espagne.
Justement sur la frontière, les anciens chemins muletiers égrènent, sur le col d’Ibardin et ailleurs, les ventas où s’achètent, dans un décor improbable, txuleta, serrano, lomo et turrons… et bouteilles XXL. En redescendant côté français, Ascain, Ainhoa ou Espelette, parmi d’autres villages de charme, livrent, sur fond blanc, rouge et vert, leurs paysages mais pas leurs secrets. Vert de l’herbe qui est décidément plus verte qu’ailleurs, blanc de la chaux et des vaches, rouge de ce piment séché au soleil avant de réchauffer piperade et axoa.
Justement, au vert, les jolies adresses fleurissent aussi : comme à Ostapé, belle auberge de luxe cachée dans les collines de Bidarray ou chez le charismatique et entreprenant Cédric Béchade dont la jolie Auberge Basque à Saint-Pée sur Nivelle offre une autre jolie parenthèse à l’écart des foules de la côte.
Un jour, un séjour basque : gastro, thalasso ou surf ?
Justement. Tout commence par un tour au marché, celui de Saint-Jean avec ses chipirons à la turlutte en hiver ou celui des Halles de Biarritz avec son incontournable arrêt Chez Jean, au Comptoir du Foie gras ou chez de gentils Contrebandiers. Dans le courant de la journée, pour se jouer des horaires de marée et des cieux toutes saisons, les sportifs iront nager dans la piscine d’eau de mer avec vue mer de la Grande Plage de Biarritz, ou courir jusqu’au phare par la bien-nommée Descente de l’Océan ou par les escaliers de rocailles qui serpentent jusqu’au Plateau de l’Atalaye. A moins que la tentation du swing vue océan, à Chantaco, Makila, Chiberta, ou Biarritz-Le Phare justement ne se fasse sentir ? Ou le golf d’Ilbarritz, sur la plage du même nom parfaite aussi, pour une pause déjeuner à La Plancha, sans réservation mais pieds dans le sable.
A Guéthary, dans l’après-midi, l’heure est à la pelote et aux discussions sous le fronton, carrefour des générations. A relier par le sentier côtier qui depuis Bidart fait découvrir quelques blockhaus aménagés, rêves de villégiature face à la mer, par définition. Parmi les incontournables getariars, on s’arrête pour un verre avec vue à l’Hétéroclito ou pour un dîner et une nuit chez une des branches de la talentueuse et étoilée famille Ibarboure dans le charmant Briketenia.
Autres envies, autre ambiance ? Qui dit océan, dit thalasso ! Et sur la Côte Basque, le barbotage thalasso est à l’honneur. D’Anglet à Hendaye, cinq centres dont le beau Grand Hôtel de Saint-Jean-de-Luz, rose et blanc à souhait ou le Thalazur tout rénové, s’offrent aux envies de remise en forme.
Grand hôtel toujours et le plus grand des grands, celui du Palais se refait une beauté, mais était parfait pour la pause thé ou Champagne au Bar Impérial, et plus si affinités comme un dîner avec vue dans le restaurant tout en rotonde : il faudra attendre 2021 pour (re)découvrir le joyau de l’hôtellerie locale, rénové et embelli.
Et puis forcément, côte basque = surfeurs mais la quête de la vague relève du secret d’initiés. Les novices iront se tester sur les plus belles vagues de la planète à la Cité de l’Océan, les curieux iront visiter le Musée de la Mer et les gourmands iront se régaler chez Dodin ou Miremont pour un très sérieux test comparatif de gâteaux basques ou un aller-retour de « chemin de fer » de chez Adam.
En famille, on ira visiter le Musée de la Mer ou entre filles, on aura fait un brin de shopping made in Basquie avec un maillot de bain Atalaye – Bains de Biarritz ou Cetus pour le look néoprène. Finalement, il sera déjà l’heure d’aller admirer le coucher de soleil, un verre de Txakoli à la main aux célèbres « 100 Marches » rebaptisées Etxola Bibi ou tout près du marché, chez Puig & Daro pour leur jolie sélection de tapas et de vins du coin. Autre option, les longueurs du soir au Port-Vieux, quand la mer devient argent. Avant de finir d’or et virer rose au petit matin venu…
Souvenirs d’hier et d’aujourd’hui, rituels de vacances et l’impression d’être à sa juste place, là, tout près de l’océan dans ce pays de contrastes et de traditions. Magique Pays basque !